lundi 27 août 2012

Museum: Compilation Rock-Post 4



« Le terme post-rock fut expliqué pour la première fois par Simon Reynolds dans l'édition mai 1994 du magazine The Wire pour décrire le son de certains groupes de rock qui utilisent l'instrumentation typique du rock, mais qui incorporent des rythmes, des harmonies, des mélodies, et des progressions harmoniques qui ne se trouvent pas dans la tradition du rock. La majorité de ces groupes créent de la musique purement instrumentale. »
Sous ce postulat, on retrouve depuis des groupes estampillés « Tortoise » ou « Sigur Ros » et force est de constater que l’auditeur lambda n’est pas plus avancé !
Dans le cas qui nous intéresse, le concept Post-Rock est à utiliser :
a)     Comme une réunion de potes
b)     Comme un joyeux foutoir
c)     Comme une représentation sincère et sans fioritures d’une approche musicale personnelle
Sans doutes un peu des trois et l’important est là : la musique.
C’est sous le format d’une double compilation à télécharger (crise du marché du disque ou esprit visionnaire !) que se présente cet intriguant phénomène.
19 titres plus inspirés les uns que les autres où avouons le tout de suite, il est difficile d’en extraire le prochain single du « Moov ». C’est la première force de cette compilation. Elle est compacte, ciselée, et forme un tout. On sent une volonté de cohésion sans apparats pour en faire une pièce d’ensemble. Bien sûr, après quelques écoutes l’un ou l’autre titre se détache du lot. La seconde force (ou sa faiblesse) étant un large éclectisme qui ouvre encore davantage l’esprit sur ce fameux Post-Rock.
 Tycho Brahé-  ouvre les hostilités avec « La parade des souris », un morceau qu’aurait pu écrire Lou Barlow (période Sentridoh) une touche électronique habille la parade en question. Folk et Laptop font bon ménage ! A noter la participation de Tycho Brahé à des travaux de Pascal Comelade, autre artisan, fameux faiseur d’ambiances. Oui Mais Non emboîte le pas avec le morceau Jhon Ford. Je les ai découverts sur myspace avec un excellent « To the supermarket with my SUV » Zappa-esque dans l’esprit. La sauce « free-groove » fonctionne à merveille.
No Shangsa déboule sans prévenir avec un gros riff hendrixien pour le morceau 70’s (ils sont sudistes !)  de cette compil … yeah baby !  La Corda nous gratifie de son End of language, langueur et retenue pour la première plongée en apnée.. great..  Keiko Tsuda  « Turbine » ses gammes pour une réinterprétation du funk blanc et du groove black, ça claque !


Emboe –  est le projet d’un des membres des parisiens de Sons of Frida et cela ne se sent pas ! Fblk1 est un morceau plus introspectif que jamais, une deuxième apnée électrique, grattée jusqu’à l’os. Filiamotsa propose une formule violon/batterie pour un  Cap Chat groovesque et tendu, leur album Tribute to KC est l’une des belles sorties de l’année. ask!ng Sally est un groupe belge qui s’associe à Ben & Manu (Sons of Frida)  le temps d’un « Goristein » librement inspiré d’Eternal Sunshine of Spotless Mind de Gondry… la première plongée vers une certaine new-wave anglaise  pour un morceau orchestré  mais pourtant intimiste, sans froideur. Le Henry de [kataplismik] est le morceau derrière lequel cours Daniel Darc depuis 15 ans, un vrai songwriting sur une base new-wave-bricolo sans ambages ! Les nordistes de Neko clôturent le premier effort avec  Oskar, Superstar ! où l’on retrouve les ambiances aperçues plutôt chez La Corda ou encore chez ask !ng Sally.

Chapi Chapo & les petites musiques de pluie -  introduit la deuxième plaque avec Here we go again. Imaginez un tea-time entre Nick Cave et Tim Burton et vous obtenez en musique les déjà bien côtés Chapi Chapo, il est vrai que le choix du nom a de quoi susciter l’intérêt.  Très belle entrée en matière et clin d’œil à l’avance du Dead man bone’s de Ryan Gosling (acteur canadien de son état). Encre propose Dogma, Africana & math folk one aux ambiances de… baladin, surprenant, difficilement classable et risqué. Vient le moment de lancer les glaviots les électriques JeanVasBruler dispose d’un Firejob que je rebaptise Flashmob tant l’envie est grande de pousser tout ce qui trouve en face de vous pour remuer. Morceau bien barré, cintré façon Mister Bungle que l’on n’est pas prêt de remettre dans la penderie.

 Rosa Negra apporte avec Santa Fe la nuance new-yorkaise (ils viennent de Bretagne) free- qui a fait les beaux jours des débuts eighties (MARS, Teenage Jesus and The Jerks), une contorsion ténue qui ne rompt pas. Dans le plus pur registre 90’s (Bästard, Condense, Hint),  Yelho délivre Yonke qui nous rappelle de bons souvenirs. Mijotron, est-France, Bertrand Cantal (ce titre !), groove épileptique, épidermique, implacable.  L’objet, des nordistes vétérans, qui cisèlent, tricotent et suturent des mélodies aériennes sur un beatmaster toujours très droit, une sorte de mètre-étalon dans le genre.

 Zéro Degré avec leur track  Périmètre me fait penser aux parisiens de l’homme-puma. Une musique d’ambiance très cinématographique, cinématique et thématique, toute en posture et fierté qui habillerait de la plus belle manière le futur Hal Hartley si celui-ci se décide à refaire du cinéma un jour.  Солярис –(Saloryis) pour clore le débat avec  Blue Sun Red Sun (ouf) … on navigue en plein dans les eaux de Earth ou de Neurosis apaisé (pléonasme) … descente vertigineuse pour l’apnée finale…

Une très belle manière de découvrir les quinze ans de ce mouvement Post-rock ! (De quoi, non non, je ne sais toujours pas ce que c’est … tant mieux !)
A découvrir absolument sur… http://www.rockpost.fr/


Publiée chez Surchauffe Surnaturelle en Octobre 2010
Eric D-Toorop

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