« Le
terme post-rock fut expliqué pour la première fois par Simon
Reynolds dans l'édition mai 1994 du magazine The Wire pour décrire le son de certains
groupes de rock qui utilisent l'instrumentation typique du rock, mais qui incorporent
des rythmes, des harmonies, des mélodies, et des progressions
harmoniques qui ne se trouvent pas dans la tradition du rock. La
majorité de ces groupes créent de la musique purement instrumentale. »
Sous
ce postulat, on retrouve depuis des groupes estampillés « Tortoise »
ou « Sigur Ros » et force est de constater que l’auditeur lambda
n’est pas plus avancé !
Dans
le cas qui nous intéresse, le concept Post-Rock est à utiliser :
a) Comme une réunion de potes
b) Comme un joyeux foutoir
c) Comme une représentation sincère et
sans fioritures d’une approche musicale personnelle
Sans
doutes un peu des trois et l’important est là : la musique.
C’est
sous le format d’une double compilation à télécharger (crise du marché du
disque ou esprit visionnaire !) que se présente cet intriguant phénomène.
19
titres plus inspirés les uns que les autres où avouons le tout de suite, il est
difficile d’en extraire le prochain single du « Moov ». C’est la
première force de cette compilation. Elle est compacte, ciselée, et forme un
tout. On sent une volonté de cohésion sans apparats pour en faire une pièce
d’ensemble. Bien sûr, après quelques écoutes l’un ou l’autre titre se détache
du lot. La seconde force (ou sa faiblesse) étant un large éclectisme qui ouvre
encore davantage l’esprit sur ce fameux Post-Rock.
Tycho Brahé- ouvre les hostilités avec « La parade des
souris », un morceau qu’aurait pu écrire Lou Barlow (période Sentridoh) une
touche électronique habille la parade en question. Folk et Laptop font bon
ménage ! A noter la participation de Tycho Brahé à des travaux de Pascal
Comelade, autre artisan, fameux faiseur d’ambiances. Oui Mais Non emboîte
le pas avec le morceau Jhon Ford. Je les ai découverts sur myspace avec un
excellent « To the supermarket with my SUV » Zappa-esque dans
l’esprit. La sauce « free-groove » fonctionne à merveille.
No Shangsa déboule sans prévenir avec un gros riff hendrixien pour le morceau
70’s (ils sont sudistes !) de cette
compil … yeah baby ! La Corda nous
gratifie de son End of language, langueur et retenue pour la première plongée
en apnée.. great.. Keiko Tsuda
« Turbine » ses gammes pour une réinterprétation du funk blanc et du
groove black, ça claque !
Emboe – est le projet d’un des membres des parisiens de Sons of Frida et cela ne se sent pas ! Fblk1 est un morceau plus introspectif que jamais, une deuxième apnée électrique, grattée jusqu’à l’os. Filiamotsa propose une formule violon/batterie pour un Cap Chat groovesque et tendu, leur album Tribute to KC est l’une des belles sorties de l’année. ask!ng Sally est un groupe belge qui s’associe à Ben & Manu (Sons of Frida) le temps d’un « Goristein » librement inspiré d’Eternal Sunshine of Spotless Mind de Gondry… la première plongée vers une certaine new-wave anglaise pour un morceau orchestré mais pourtant intimiste, sans froideur. Le Henry de [kataplismik] est le morceau derrière lequel cours Daniel Darc depuis 15 ans, un vrai songwriting sur une base new-wave-bricolo sans ambages ! Les nordistes de Neko clôturent le premier effort avec Oskar, Superstar ! où l’on retrouve les ambiances aperçues plutôt chez La Corda ou encore chez ask !ng Sally.
Chapi Chapo & les petites
musiques de pluie - introduit la deuxième plaque avec Here we go
again. Imaginez un tea-time entre Nick Cave et Tim Burton et vous obtenez en
musique les déjà bien côtés Chapi Chapo, il est vrai que le choix du nom a de
quoi susciter l’intérêt. Très belle
entrée en matière et clin d’œil à l’avance du Dead man bone’s de Ryan Gosling
(acteur canadien de son état). Encre propose Dogma, Africana &
math folk one aux ambiances de… baladin, surprenant, difficilement classable et
risqué. Vient le moment de lancer les glaviots les électriques JeanVasBruler dispose
d’un Firejob que je rebaptise Flashmob tant l’envie est grande de pousser tout
ce qui trouve en face de vous pour remuer. Morceau bien barré, cintré façon
Mister Bungle que l’on n’est pas prêt de remettre dans la penderie.
Rosa Negra apporte
avec Santa Fe la nuance new-yorkaise (ils viennent de Bretagne) free- qui a
fait les beaux jours des débuts eighties (MARS, Teenage Jesus and The Jerks),
une contorsion ténue qui ne rompt pas. Dans le plus pur registre 90’s (Bästard,
Condense, Hint), Yelho délivre
Yonke qui nous rappelle de bons souvenirs. Mijotron, est-France,
Bertrand Cantal (ce titre !), groove épileptique, épidermique, implacable.
L’objet, des nordistes vétérans,
qui cisèlent, tricotent et suturent des mélodies aériennes sur un beatmaster
toujours très droit, une sorte de mètre-étalon dans le genre.
Zéro Degré avec
leur track Périmètre me fait penser aux
parisiens de l’homme-puma. Une musique d’ambiance très cinématographique,
cinématique et thématique, toute en posture et fierté qui habillerait de la
plus belle manière le futur Hal Hartley si celui-ci se décide à refaire du
cinéma un jour. Солярис –(Saloryis)
pour clore le débat avec Blue Sun Red
Sun (ouf) … on navigue en plein dans les eaux de Earth ou de Neurosis apaisé
(pléonasme) … descente vertigineuse pour l’apnée finale…
Une très belle manière de découvrir
les quinze ans de ce mouvement Post-rock ! (De quoi, non non, je ne sais
toujours pas ce que c’est … tant mieux !)
A
découvrir absolument sur… http://www.rockpost.fr/
Publiée chez Surchauffe Surnaturelle en Octobre 2010
Eric D-Toorop
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